Mes oranges et moi

Je vis une histoire d’amour avec un fruit. J’ai mis du temps à réaliser que chez moi, c’était plus qu’un penchant ou une habitude. J’aime vraiment ça. Les oranges. C’est une histoire d’amour cyclique, mais jamais interrompue. Après une pause, elle reprend chaque début novembre, quand les oranges siciliennes débarquent sur les étals des marchés. Impossible de les rater. Dans le gris de novembre, leur couleur vive et énergique apporte un peu de réconfort. Elles sont le soleil pourtant elles annoncent l’hiver qui approche, les biscuits à la cannelle de décembre, les thés parfumés, les dimanches cloîtrés, quand le temps trop dépressif nous incite à traîner en pyjama à la maison. Au marché, j’ignore celles qui sont proposées en filet, snobées par tout orangeophile digne de ce nom. Moi, celles que je préfère s’achètent en vrac. 
De l’œil, j’examine d’abord leur peau. J’aime quand elles sont fines, quand le fruit est plein, bombé, gorgé de jus qui n’attend que d’être pressé. Il y a un vrai plaisir à savoir choisir son fruit. Les jours suivants, quand la dégustation me confirme que je ne me suis pas loupée, je me sens fière, j’ai presque envie d’ajouter sur ma carte de visite « sélectionneuse de l’équipe d’oranges »...^^ Un autre grand moment, c’est l’épluchage de l’orange. Quand le parfum piquant du fruit te caresse les narines, ça sent le sucré, le soleil qui a, des jours, des semaines, travaillé à former le fruit, pour lui permettre de remplir ses promesses. Quand je tombe sur une malheureuse orange toute sèche, sans goût, je me dis que cette orange-là, le soleil ne l’a pas assez aimée, la pauvre. Quand j’étais petite, il m’arrivait d’ajouter du sucre en poudre sur les quartiers d’orange. Je n’avais jamais assez de plaisir, il faut croire. Puis après avoir débarrassé mon joli agrume de ses atours, je l’écartèle délicatement et quartier par quartier, je le fais disparaître. Mais sur la fin, l’écœurement m’envahit. La nausée. Trop de plaisir, peut-être…

Illustrations :

Coupe aux oranges (principale) : Matisse

La femme aux oranges : Eugène Deully

Nature morte aux oranges : ma grande amie, Carolina Pelosi!

 

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