Stratégie de survie en mode mineur

#lemotdujour

suradaptation, bigsister, société, stratégie, survie

© Hani Abusamra

Un nouveau mot vient d’arriver dans mon disque dur. Il est si intéressant, si riche que ma seule urgence est de le partager avec vous. Ce mot, c’est la SURADAPTATION.

L’adaptation, on sait tous ce que c’est. Avant tout, une marque d’intelligence : adapter son comportement, sa stratégie, ses manières, son langage à une situation particulière et temporaire, c’est un ajustement nécessaire qui révèle l’étendue de nos ressources, de notre faculté à discerner les enjeux d’une situation. La suradaptation, c’est autre chose. C’est une violence contre soi-même. 

Interrogée sur le sujet, une coach professionnelle explique que la plupart des personnes qui font appel à ses services se ressemblent. En commun, une insatisfaction profonde, un découragement, un épuisement, une usure. Avant d’arriver jusqu’à elle, c’est à dire à un stade de désespoir avancé, moteur de leur demande d’aide pour un changement (dont elles ne soupçonnent pas toujours la nature au départ), vers « autre chose », ces personnes ont vécu des années en mode de suradaptation, c’est à dire qu’elles se sont enlisées dans des situations, des rôles qui n’étaient pas pour elles.

Se suradapter, c’est quoi ? C’est travailler dans une boîte dont on ne partage pas les valeurs, faire un boulot qui nous donne mal au ventre quand on quitte la maison le matin et envie de vomir quand on y revient le soir, c’est rester avec un homme qui nous rend malheureuse ou une femme qui nous traite comme un chien, mais qu’on ne quitte pas parce qu’on a peur. Peur de se retrouver seul. Peur de l’inconnu. Peur de trouver pire au tournant.

Se suradapter, c’est s’oublier, se perdre de vue, endosser un habit qui n’est pas pour soi, qui nous rend mal à l’aise parce que trop grand ou trop étroit, s’obstiner à rester quand il faudrait partir, à l’évidence, et le plus loin possible. C’est feindre de ne pas entendre la petite voix qui monte parfois, qui te crie : « tire-toi, tire-toi avant d’y laisser ta peau ». Mais cette voix, à force d’être ignorée, finit, elle aussi, par se taire, par capituler. Tes peurs triomphent. Mais toi, toi, c’est ta vie qui te glisse entre les mains, qui t’échappe et te conduit droit en enfer.

Il y a quelques jours, j’ai entendu parler d’un homme – jeune, 45 ans – chez qui on venait de découvrir quatre tumeurs au cerveau. On ne trouve pas les mots face à ce genre de nouvelles. La personne qui m’a parlé de lui était bouleversée, d’autant qu’elle avait l’impression que cet homme n’avait pas vécu sa vie. Il avait emprunté la même voie que son père, reprenant le commerce familial, alors que son cœur aurait aspiré à des aventures bien différentes. On ne va pas faire de la psychologie de bazar – il y a d’autres murs pour cela- on va juste se poser des questions. Où on en est, nous-même ? C’est quoi, notre stratégie de survie ? Comment a-t-on décidé de traverser l’ existence ? Est-ce que le chemin qu’on trace nous ressemble ou est-ce qu’on s’est perdus quelque part en route ?

Vous avez deux heures. BigSister ramasse vos copies demain matin😉.

Envie de réagir ? Quelque chose à ajouter ? A vos claviers !

%d blogueurs aiment cette page :